Les sciences sociales s’éloignent aujourd’hui de l’idée selon laquelle leur contribution principale au savoir consisterait à approfondir sans cesse la découverte de l’homme moyen et de l’individu assujetti aux grandes forces collectives, découverte par laquelle elles se justifièrent à l’origine. Désormais, la singularité biographique et caractérologique compte. Elle forme même une dimension décisive du social. Dans ces conditions, les processus par lesquels le donné social se trouve incorporé au psychisme individuel, mais aussi l’inévitable tension persistante de l’objectif et du subjectif, autrefois thèmes latéraux de la pensée sociologique, tendent à se voir reconnaître une importance centrale.
S’appuyant sur l’histoire de la psychanalyse, Stéphane Haber, professeur de philosophie à l’université Paris-Ouest-Nanterre, montre qu’une telle conjoncture invite à relire Freud de manière différente et réévalue ses apports en tant que penseur des interactions entre psychisme et société. Les enjeux de cette relecture ne sont pas purement théoriques. Ainsi, comme projet social et politique englobant, le néolibéralisme a provoqué l’émergence de nouvelles incitations à l’auto-contrainte (devenir plus performant, plus efficace, plus flexible, plus rationnel…) qui rappellent la violence retournée contre soi que Freud décrivait au moyen du concept de ” surmoi “, composante essentielle, selon lui, du psychisme individuel. On voit à quel point la critique de l’époque présente peut gagner à s’engager sur la voie d’une réappropriation judicieuse des hypothèses et des concepts freudiens.
Auteur :
Stéphane Haber est professeur de philosophie à l’université Paris-Ouest Nanterre. Il est l’auteur, notamment, de Habermas et la sociologie (PF, 1998), Critique de l’antinaturalisme (PUF, 2006), L’Aliénation (PUF, 2007), L’Homme dépossédé. Une tradition critique, de Marx à Honneth (CNRS, 2009) et Freud sociologue (Bord de l’eau, 2012).
Table des Matières :
INTRODUCTION
SECONDE TOPIQUE ET THÉORIE SOCIALE :
L’appropriation sociologique de la “seconde topique”
Les limites du fonctionnalisme
LE ÇA : ANTINATURALISME, PULSIONNALITE ET CORPOREITE
Contestation du freudo-marxisme
Contestation du dualisme des pulsions
Contestation du ça
LE MOI : INDIVIDUATION ET RELATION OBJECTALE
Freud en marche vers l’objet
Le développement classique de la théorie de la relation objectale
La critique du positivisme interpersonnaliste
LE SURMOI : INTROJECTION CRUELLE ET HISTORICITE DE LA PSYCHANALYSE
La nature du surmoi dans le Moi et le Ça
Oedipianisation de la théorie ?
Les difficultés de la doctrine du surmoi
Informations techniques:
Editeur: Éditions La Dispute
ISBN: 978-2-84303-228-8
Date de parution: avril 2012
140 x 225 mm
320 pages
25,00 euros
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Alexis Cukier (30 avril 2012). Nouvelle publication “Freud et la théorie sociale”, par Stéphane Haber. Le Carnet du Sophiapol. Consulté le 17 septembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/ugz8