L’essor des activités industrielles et de leurs débordements soumettent les populations alentours à des situations de risques sanitaires et environnementaux dont les conséquences n’ont cessé d’entraîner des conflits et l’impératif de leur gestion. Les justifications et leurs enjeux sont multiples. Ils portent sur l’appropriation et la répartition de ressources, la concurrence des fonctions attribuées à des territoires, la légitimité des actions et des comportements, la qualification des externalités incriminées et la désignation de leurs responsables, les termes de la réalisation de l’intérêt général, l’évolution des régimes de régulation juridique, les impacts environnementaux ou l’altération des paysages.

Les cadres de l’action publique sont dans ce domaine le résultat de pratiques expertes, de mobilisations, d’expériences administratives et institutionnelles dont l’inscription dans la durée conditionne en grande partie l’appréhension du problème et les modalités de son traitement.

L’objectif de ce colloque est de caractériser ces dynamiques qui ont façonné la question des conflits environnementaux à un niveau local. Il est d’explorer les modes de gouvernance des matières débordantes comme de leurs conséquences sur l’environnement, de l’attitude des acteurs impliqués et de la contestation. Il est de considérer ce qui a permis, hier comme aujourd’hui, de faire advenir dans la réalité physique et matérielle, politique, culturelle et sociale ces débordements : les mesurer et les traduire pour les faire exister ou s’effacer de
l’espace public, réglementer et légitimer les normes, délimiter des territoires, réguler la critique et la protestation.

La perspective est interdisciplinaire. Elle invite à conjuguer différents niveaux et catégories d’analyse. Trois registres thématiques de réflexion et de méthode sont toutefois privilégiés : restituer les modes d’existence des débordements dans le temps court et la longue durée ; considérer les dispositifs aux sources de leur production et de la constitution de territoires ; saisir les dynamiques de négociation qui font advenir ou disparaître dans la cité les débordements à l’origine des conflits. En partant de la présentation de cas singuliers tout en privilégiant un ou plusieurs registres d’expression du conflit environnemental, la démarche reste de comparer et de discuter les cadres théoriques de leur restitution et d’interprétation. L’objectif vise au final de débattre le sens et la pertinence d’une proposition de lecture pluridisciplinaire des conflits de cette nature.

Le colloque est organisé par le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) et se tiendra les 23 et 24 juin 2011.

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Attendus :

Restituer la pluralité des débordements dans le temps court et la longue durée

Le terme « débordement » désigne ici ou stigmatise les externalités produites par une activité industrielle. L’ambiguïté du terme impose d’expliciter ce qui permet de qualifier ou de disqualifier, de justifier ou au contraire de contredire la légitimité de ce qui déborde. Comment est attribué un statut à ce qui – partant d’un espace a priori confiné pour en investir un autre – devient le motif de tensions, puis de l’émergence d’un conflit local ? Qu’est-ce « qui » ou « quoi » détermine, en dernière instance, le statut de ce « débordement » ?

Une première approche consiste à prendre la mesure de ces débordements. Aux côtés des conditions tangibles de production de ces externalités, il faut considérer leurs conditions non matérielles d’existence dans des espaces sociaux, culturels et politiques conflictuels. Substances ou risques, les débordements ne sont pas toujours et seulement des matières, mais aussi des traductions dans des arènes de débat, des transcriptions dans des textes, des transpositions dans des imaginaires et des collectifs de pensée et d’action. Le débordement peut être supporté par de l’immatériel, se traduire par des menaces ressenties. Il peut relever de l’ordre de l’intangible sensible, porté par des bruits et des trépidations, des nuisances olfactives, des altérations d’ambiances, d’atmosphères ou de paysages. Il s’avère dès lors essentiel de restituer par l’histoire naturelle la démonstration de leur réalité dans le passé, mais également d’interpréter par l’histoire politique et sociale leurs inscriptions dans la cité.

Les propositions pourront porter tant sur les méthodes d’investigation visant à caractériser les débordements passés que celles qui permettent d’interpréter leurs modes d’appréhension et de restitution parmi les acteurs concernés. On insistera par ailleurs sur l’articulation du temps court et de la longue durée, mais aussi sur la dimension prospective. Les communications qui porteront sur des cas de conflits décalés dans le temps, soit par anticipation d’une menace, soit par leur manifestation après que les débordements incriminés aient cessés, seront particulièrement appréciées.

Dispositifs techniques et territoires du conflit

Le conflit local au motif de débordements renvoie aux lieux mêmes de leur surgissement. Quel est cet espace, ce lieu, ce territoire ? Au même titre que les débordements eux-mêmes, ces derniers peuvent être physiques, perméables, immatériels, insaisissables, fixes, ambigus et à géométrie variable. Il est donc impératif de rendre compte de ce qui détermine les « limites » traversées ou transgressées. La qualification du débordement combine ainsi les éléments les plus hétérogènes de l’espace géophysique, de lieux imaginaires et symboliques, dont le vécu n’est jamais sans influence sur l’attitude et le comportement des parties prenantes.

L’interrogation invite à focaliser l’attention sur l’origine, le responsable, le lieu même de leur production et de leur diffusion, c’est-à-dire le dispositif de production lui-même. Les communications peuvent avoir pour objet de cerner un dispositif particulier, non seulement selon ses composantes techniques et ses extensions dans l’espace, mais plus encore dans ses aspects économiques, sociaux, politiques, culturels et ses rapports de pouvoir instaurés avec les autres parties prenantes du conflit.

Dynamiques de négociation dans la cité

L’histoire interdisciplinaire visée cherche à interpréter tant les dynamiques les plus évidentes que les plus enfouies, celles qui ont fait advenir et se tenir ensemble ces agrégations d’intérêts contradictoires dont la stabilité est menacée par le conflit. Elle converge de fait sur les négociations permanentes pour la cohabitation toujours précaire entre des matières, des vécus et des territoires aux fonctions contradictoires. La démarche consistera à restituer l’économie de ces négociations qui font se tenir ensemble des éléments aussi hétérogènes que des molécules chimiques, des normes ou des valeurs immobilières. Elle comprend la restitution par le récit des faits objectivés et négociés, l’inventaire des agents humains et non-humains impliqués, l’élucidation des processus de qualification, de justification et de légitimation des débordements, notamment dans le cadre du droit et de la justice, de l’intervention publique et administrative.

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Conseil scientifique :
Thierry Coanus, Chargé de recherches à l’ENTPE Vaux-en-Velin.
Jean claude Daumas, Professeur à l’Université de Franche Comté, Besançon, IUF.
André Grelon, Directeur d’études à l’EHESS, Paris.
Robert Halleux, Directeur du CHST à Liège.
Geneviève massard-Guilbaud, Directrice d’études à l’EHESS, Paris.
Alain P. Michel, MCF à l’Université d’Evry-Val d’Essonne
Isabelle Parmentier, Directrice du département histoire à l’université de Namur.
André Torre, Directeur de recherches à l’INRA, AgroParisTech Paris.
Florence Hachez-Leroy, MCF à l’Université Lille Nord de France, IUF, CRH/EHESS.
Denis Woronoff, Professeur émérite à l’Université Paris 1.
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Comité d’organisation :
Guillaume carnino, Doctorant EHESS au Centre Alexandre Koyré, Paris
François Jarrige, MCF à l’Université de Dijon
Ludovic Laloux, MCF à l’Université de Bordeaux 4
Michel Letté, MCF au CNAM Paris
Thomas Le roux, Chargé de recherches au CNRS, CRH-EHESS Paris
Arnaud Peters, Chercheur à l’Université de Liège, CHST
Justine Ulstch, Doctorante à l’Université de Saint-Étienne
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Informations pratiques :
Les propositions de communication sont à adresser par mail à : michel.lette@cnam.fr
Les propositions doivent être accompagnées d’un bref cv / coordonnées précises du ou des auteurs / résumé de la communication (env. 3 000 signes)

• Date limite des propositions : 15 novembre 2010
• Réponse des comités : 17 janvier 2011
• Envoi des textes : 06 juin 2011

Les frais de déplacement, hébergement et repas seront pris en charge pour les intervenants dans la limite des budgets alloués pour ce colloque. Participation gratuite sur inscription.

Les textes sélectionnés seront publiés sous la forme d’un ouvrage collectif à paraître début 2012.

Plus de détails sur le site du colloque
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…Voir l’appel en PDF

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